Quand le blé est mûr . .
Quand le blé est mûr….
Quand le blé est bien mûr, il faut vite le couper,
C’était chaque année, l’événement de l’été.
Si la couleur du ciel lui donnait tout espoir
Mon père se décidait dès la veille au soir.
Le compte à rebours était alors déclenché.
Tandis que les lames, on s’empressait d’affûter
- Je tournais la meule, j’en avais mal aux reins-
Ma mère, sans tarder, prévenait quelques voisins.
La tension était forte quand, dès potron-minet
Sur nos gros percherons, on serrait les harnais
Il y avait bien quelqu’imprévu au rendez-vous,
Manquaient toujours des rênes ou un précieux licou.
Enfin se précisait ce rituel de l’été
Chacun prenait sa place autour du champ de blé
Et, sitôt le passage de la nouvelle machine,
Enlaçait les javelles en courbant l’échine
Pour les lier, les dresser en gentes demoiselles
Qui, dorées au soleil, seraient toujours plus belles.
Quolibets et rires se répondaient sans fin
Et faisaient oublier la longueur du chemin.
Si, d’aventure, le rythme devenait trop rapide
Quelqu’un intervenait, sans doute le moins valide
Et, au passage, le sifflait à l’oreille des chevaux
Que, tant bien que mal, je guidais pour ces travaux.
Assis près de mon père, sur cette faux mécanique,
J’observais l’onde tremblante à cet instant critique
Où les épis déferlaient en vagues successives,
Soumis à son habileté, à sa force vive.
Il savourait l’odeur, le charme de la moisson
Supputait l’importance du tas de blé maison.
La fatigue laissait place à un vif enchantement,
Une gerbe de bonheur, à la sortie du champ !
J’ai aimé, j’aime encore ces choses simples, ces gens fiers
Qui, de mon enfance, ont embelli l’atmosphère.
Octobre 05
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