Déferlantes
Déferlantes
Le ciel était bas, la mer vraiment sombre
Le soir grignotait les dernières ombres .
Prévert, quittant le port, scrutait les bateaux
Blottis sous la jetée, à l’abri des rouleaux .
Puis, sous la hargne du vent, les déferlantes
Rongèrent la falaise en un bruit d’épouvante .
Les grottes voisines les vomissaient de rage
Effrayant les traînards qui fuyaient le carnage .
Quand la vieille digue laissait jaillir les flots
Dans le petit bassin tanguaient les rafiots .
Sous les gerbes d’eau, ils croisaient le fer
Les mâts dirigés par les dieux en colère .
Les goélands affolés revenaient de la Hague
Leurs cris fusaient sous le vacarme de la vague .
Cette grande marée devait être jour de fête
C’était sans compter sur cette folle tempête .
Des franges d’écume perçaient la nuit noire
Crachant de longues effiloches d’algues brunes .
Port-Racine courbait le dos mais gardait espoir
Il avait vécu, déjà, ces furies importunes .
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