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Djemorah

 

                                      Djemorah

 

          Au long chant du muezzin, Djemorah se réveille,

         Encore harassée par le vent de la veille

         Quand, le soir venu, un nuage a ambré,

         Obscurci et pénétré la luxuriante vallée.

 

          Le sable a surgi, sournoisement de Biskra

         En balayant le djebel vers El Kantara :

         Porte du désert ; un très verdoyant abri

         Quand cette force maléfique s’en prend à votre vie.

 

          Encore ébouriffé, au tout petit matin,

         Son vieil âne haletant, Ali fait sa cueillette

         De branches de palmiers dont son toit a besoin.

         Le soleil, au zénith, stoppera sa navette.

 

          Car, à la mi-journée, la chaleur est patente,

         Le douar s’immobilise, la vie se fait latente

         Non loin de la mosquée, cachée sous les dattiers.

         Mais ce soir, il faudra reprendre le collier.

 

          Ce qui ne me fait oublier, heureusement

         La magie du désert, un beau soir de printemps.

         Auréolée d’un arc-en-ciel, la palmeraie

         En reflète les couleurs, juste après l’ondée.

 

         Alors l’oued El Abdi s’en grossit vivement

         Et, depuis Ménâa, se montre menaçant.

         Sur ses rives inégales, de longues caravanes

         Du Nord Sahara transhument vers les savanes.

 

         Dociles, les chameaux, pas à pas caracolent,

         Le tout petit suit sa mère, bâtée jusqu’au col ;

         Les plus vigoureux, sous la charge, font le gros dos.

         Les enfants, la basse-cour complètent le fardeau.

 

 

        

 

         Le désert est un bel espace de liberté

         Mais, le soleil, la soif, peuvent le rendre très amer.

         Pas plus que la montagne, pas moins que la mer

         L’erreur de jugement, il ne sait pardonner.

 

 

             Quand passe le marchand de sable, la nuit venue

             Songes et mirages, très souvent il situe

             Dans cette vallée lointaine, à la porte du désert,

             Où mon âme, troublée, retrouve quelques repères.

 

 

 

                                                                                     Septembre 04 

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